Canalisations

Le seuil énergétique (2/3)

Message des Vénusiens (suite)

Nous descendons par une sorte d’élévateur, et apparaît une salle lumineuse bleu azur, qui laisse échapper des grondements et des sifflements agréables. Ulphéniel saute de l’élévateur avec une légèreté merveilleuse. Face à nous, se tient un ensemble de grands bacs, faisant penser à des bassines à confiture, mais de 20 mètres de diamètre. Les bacs sont entourés d’un champ d’isolement lumineux. A l’intérieur, les matériaux sont secoués et fracturés en tous sens, à l’aide d’un dispositif à infrasons. Le bruit devrait être intense, mais il est très assourdi par la barrière lumineuse. Des robots cuivrés, dorés ou argentés circulent entre ces installations. Nous ne pouvons nous approcher plus, pour des raisons de sécurité.

Nous nous dirigeons vers un lieu différent de cette salle fastueuse, qui abrite des fours très sophistiqués.

 
  • Chaque vaisseau de grande taille possède sa propre fonderie, cela est indispensable. Les ingénieurs de bord doivent être en mesure de recréer n’importe quelle pièce endommagée. De même, ces installations servent à la maintenance de tout ce que vous nommez « électroménager ». Chez nous tout est réutilisé en un cercle sans fin. Ce vaisseau est semi-lumineux, et il comporte donc encore des équipements qui datent d’une certaine époque.

Nous marchons en un couloir agréable de couleur bleu nuit, qui semble faire partie d’un musée très raffiné, plutôt que d’une usine de sidérurgie. Les murs et le sol sont composés de motifs végétaux superbes qui changent en ondoyant lentement. Face à nous, apparaît la zone de fonte. Elle est également d’une très grande beauté.

Je dirai que le couloir fait en tout 200 à 300 mètres de long, il est brillamment éclairé au fond, d’une belle lueur blanche. L’espace qui sépare les fours est d’environ 20 à 30 mètres. Les fours sont placés de part et d’autre, quatre à gauche, et quatre à droite.

Devant nous, des androïdes attendent les coulées, ils tiennent chacun ce qui ressemble de loin à une brouette métallique. Chaque dispositif abrite un moule de dimensions précises. Il y a en tout une vingtaine de robots. L’éclat orangé des fours avec les vapeurs est absolument superbe. Le plafond comprend des collecteurs immenses, servant à recueillir toutes les fumées, filtrer les particules et redistribuer la chaleur.

Ce lieu est fermé par deux barrières lumineuses. Des dispositifs de sécurité sont placés devant la porte. Nous attendons en un silence presque religieux. Enfin, un son clair résonne. Les androïdes mettent en place leurs moules devant les fours qu’ils ont choisi. Puis, ils sortent rapidement. Chaque androïde est nettoyé en traversant un champ lumineux et inspecté par des Vénusiens attentifs. L’ambiance de travail est joyeuse, détendue, avec en même temps une intense concentration que l’on ressent.

Ulphéniel s’incline pour saluer tous ceux que nous apercevons, et je fais de même.

 
  • Il faut attendre, explique Ulphéniel. Les mesures de sécurité ici sont drastiques. Mais il existe une salle de surveillance en hauteur, où l’on peut admirer tout le savoir faire des artisans.

Je le suis aussitôt avec allégresse. Je grimpe un escalier de cinq étages avec une facilité bien plus grande qu’à mon état physique.

  • Cette souplesse et cette légèreté est positivement merveilleuse, dis-je en riant. Il serait bon de pouvoir se déplacer ainsi, avec une telle fluidité, lorsque l’on est sur Terre.
  • Tout ce que vous avez programmé et prévu pour vos vies à venir se mettra en place progressivement, assure Ulphéniel avec bonté.

Il ne dit mot et se contente de sourire. Alors, je m’approche de la vitre et découvre un spectacle absolument fabuleux. On perçoit le four le plus proche cracher des torrents de vapeur, immédiatement aspirés au niveau du plafond. La coulée apparaît, elle est d’une belle couleur flamme, et une quantité de pâte juste assez suffisante se déverse. Le surplus sert à alimenter un autre moule, placé juste en dessous du premier, puis un autre, et ainsi de suite. Les moules montent vers le haut, à mesure que la coulée se fait, tout est d’une précision d’horlogerie.

Ensuite, les moules vont s’aligner dans la salle de refroidissement. Un champ de protection sépare le métal encore chaud du reste de la pièce.

– Les pièces coulées ici sont parfaites, expose Ulphéniel. Les experts en fonderie viennent pour les inspecter, directement par l’esprit.

  • Ils peuvent percevoir tout le degré de cristallisation du métal, ils peuvent ressentir si la pièce a bien été coulée ou non, et si elle sera solide. Ensuite, c’est au tour des experts en polissage d’intervenir. Le métal encore chaud est lissé, et poli directement par l’esprit. Il doit correspondre à la demande, parfois au millionième de millimètre. L’usinage de chaque pièce doit être irréprochable.

C’est une activité étonnante, là encore très allègre, qu’il m’est donnée de voir. Des experts, hommes et femmes, font tourner sur elles mêmes des pièces parfois de plusieurs tonnes, pour les éclairer avec des sortes de faisceaux dorés, blancs, ou bleutés. Les pièces prennent un bel aspect brillant. Elles passent ensuite sous différents faisceaux de purification, afin de retirer tout grain de poussière, puis sont déclarées aptes.

Je suis agréablement étonnée. Certaines pièces ressemblent à des cuves géantes, des tuyaux de 5 mètres de long, des engrenages géants, d’autres sont des ustensiles de cuisine, des poignées de portes ou de tiroir, des lustres, ou même des petites pièces, comme des boulons.

Ulphéniel m’invite à le suivre, et là, j’aperçois une salle blanche et très propre. Des sortes de wagonnets arrivent sur des rails, et des robots très grands munis de pinces, ou plus petits, trient des objets en métal usagés. On voit de vieux tuyaux rouillés, des plaques de métal tordues, et aussi des cuves très endommagées.

 
  • Nous réutilisons absolument tout, explique-t-il. Ces objets sont en acier simple ou vitrifié. Certains sont plus complexes, et comportent quatre couches différentes. Certains sont en métal polycristallin, à mémoire de forme, en acier diamant, ou en astrocéramique blanche. Ces matériaux sont inertes, ils sont pratiquement indestructibles, car ils n’existent pas dans la nature. Ils sont employés principalement à l’avant des navires et à l’arrière. Au fil du temps, lors des rentrées atmosphériques, même si nous employons des déflecteurs, les champs de poussières interstellaires et les micrométéorites peuvent les endommager. Lorsqu’ils sont trop anciens, le champ de cohérence initial se désynchronise. La matériau s’érode progressivement, et devient pour ainsi dire du sable et de l’acier. Cela n’est pas polluant pour l’espace alentours, mais il est temps alors de le remplacer. Bien sûr, ceux qui étudient les micrométéorites veulent les inspecter en premier, pour en retirer toutes les roches stellaires emprisonnées, dit-il avec amusement.

Partagé par : https://consciencedivine.com

Source : http://www.unepetitelumierepourchacun.com

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